Son horoscope était formel : rien de bon à attendre de cette journée, Saturne étendait son ombre funeste sur tous les projets qu'il fomenterait, chahuterait ses humeurs et s'il y avait une chiure de pigeon à attraper, il y avait tout à parier que c'était pour sa pomme. Il décida de renoncer à la sortie en forêt avec le club de marche nordique auquel il venait de cotiser l'hiver dernier et prit un rendez-vous pour vérifier la bonne tenue de son pacemaker (la rubrique santé, sans être alarmiste, restait dans un flou qu'il goûtait très moyennement). Evidemment, il n'y avait pas de place avant la semaine prochaine.
Une pluie fine cousait délicatement les fenêtres de son F2, et il s'avisa que c'était l'horoscope de tout le département qui devait être sous la coupe de Saturne. Les gens qui passaient dans la rue avaient la mine renfrognée, l'air mauvais et l'haleine putride (de son poste de vigie, il ne pouvait bien sûr s'en assurer, mais il s'en convainquait aisément). Le spectacle de ce monde lui faisait décidément horreur.
Il hésitait entre les Mots fléchés force 4 et le sudoku découpé dans un magazine qui traînait dans la salle d'attente de son dentiste. La vie d'un retraité est souvent faite de ces petits dilemmes énervants. Finalement, il trancha en se plongeant dans le magazine du Conseil général dont il tenait la lecture en réserve.
Vénus allait croiser son Jupiter natal dans trois jours. Il fallait tenir jusque-là.
Il se prenait à rêver à un nouveau decolleté affriolant de la boulangère.