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22 janvier 2012 7 22 /01 /janvier /2012 23:17

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"En 2060, la cause fut entendue : la mort de Doudoune, le dernier hippopotame femelle existant sur la planète, sonna le glas symbolique des dernières espérances écologistes. Huit millions d'espèces, selon la plus basse des estimations, avaient définitivement disparues ; des millions d'entre elles n'avaient même pas été inventoriées, faute de temps, par les systématiciens. La sixième extinction majeure de l'histoire du vivant avait eu lieu, et elle était entièrement du fait de l'homme, c'était une réalité que personne n'osait plus contester depuis belle lurette.

 

Il y eut une phase de stabilité, de quelques trente-cinq années, où un programme mondial de développement dit raisonné fut enfin mis en application. Le végétarisme devint obligatoire dans la plupart des pays et les droits des animaux furent enfin reconnus au-delà de toute attente (on assista même à quelques excès en la matière : l'élection d'un cochon au titre de Président de la République des Etats fédérés du Caucase en fut l'exemple le plus fameux).

 

Ce ne fut hélas qu'un répit entre deux catastrophes. La TGP (Très Grande Peste) déferla sur le monde à partir de juillet 2096, juste à la fin du Tour de France (gagné cette année-là par un dindon coréen, avec douze minutes d'avance sur un phacochère lituanien). Une pandémie à côté de laquelle la grippe aviaire avait  l'air d'un rhume. La moitié de la population mondiale trépassa dans les six mois, sans qu'aucune réplique sanitaire valable n'ait pu être établie. Certains illuminés y virent bien entendu un châtiment divin, et les religions connurent un bref retour en grâce. Jusqu'à ce que toutes les autorités spirituelles existantes, mollahs, popes, curés, rabbins, gourous, dircoms et psychologues médiatiques disparaissent à leur tour dans la tourmente.

 

Pas un autre vertébré ne passait à la casserole, nul arthropode, nul autre mammifère, pas un seul singe n'était touché par le virus. Il fallait se rendre à l'évidence : seul l'Homo sapiens était atteint. La septième extinction avait commencé et elle allait emporter l'espèce humaine. Il y eut des vagues de suicide massives qui précipitèrent, en somme, le mouvement. Certains milliardaires s'exilèrent sur Mars, récemment colonisée, et personne ne les envia : sûr qu'ils n'allaient pas finir de s'y emmerder.

 

Et puis un beau jour, la maladie reflua. Un orang-outang rescapé miraculeusement de la sixième extinction, à la suite d'une hybridation de son cerveau avec celui d'un prix Nobel de médecine, conçut un remède radical à base de purin d'ortie, de propolis et d'huile de foie de caribou. Il n'y avait plus alors que six millions d'humains, dont le tiers était des clones de primates."

 

Extrait de la revue "Le Bonobo moderne", n° 510, juin 2112.

 

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commentaires

N
<br /> Bizarrerie de commentaire : Cliquer sur les liens invisibles après les mots bon et concept.<br />
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D
<br /> Résumé de la fiction brève du dimanche :Horrible, 6 millions de malheureux obligés à avaler de l’huile de foie de caribou.<br />
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N
<br /> <br /> <br /> <br /> <br /> Peu après avoir eu l'idée de cette fiction, je suis tombé sur cette citation de Woody Allen : "Nous sommes à la croisée de deux chemins. L’un mène à la disparition de l’espèce, l’autre au<br /> désespoir absolu. J’espère que l’on va faire le bon choix."<br /> <br /> <br /> Ceci dit, tu dénigres injustement le foie de caribou. C'est très bon : recette.<br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> Oui, je sais que j'ai parlé de l'huile de foie de caribou. Là, je dois dire qu'après recherche, je dois être l'inventeur du concept <br /> <br /> <br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> <br /> <br /> <br /> Répondre au commentaire<br /> <br /> <br /> <br />