Etienne à Roquefixade (Ariège).
Je ne me souviens plus de l'année exacte, c'était en tout cas dans les années 80, lors d'un périple vers les châteaux cathares. Avant de découvrir Montségur, nous avions exploré cette forteresse moins connue de Roquefixade, qui s'orthographiait jadis Roquefissade, la roche fendue. Paton et Philippe faisaient partie de l'expédition.
Moments magiques que cette excursion vers ces murailles déchiquetées qu'Etienne photographiera avec cet oeil sûr et amoureux que nous lui reconnaissions tous. J'ai encore maintes photos qu'il a faites du haut-lieu, mais c'est la seule où il apparaît, où il a laissé (à qui ?) le soin de l'appareil. Il arbore encore sa longue chevelure rebelle.
A côté de lui, ce chien placide qui nous avait suivis depuis le village niché en contrebas, au flanc sud du promontoire. Seule créature vivante, à part nous, sur ce site ignoré alors des touristes.
Etienne nous a quittés cette nuit. A sa femme, son fils, sa mère, ses frères, ses ami(e)s, dans la douleur, j'adresse, nous adressons, nos pensées les plus émues.
Je sais que devant la peine les mots sont bien infirmes, mais je voudrais juste reproduire ces quelques lignes du poète suisse Gustave Roud, qui fut aussi photographe, lignes extraites de Requiem :
Mais déjà ton oreille est close et sur ces lèvres scellées, l'absence dessine le lent sourire sans réponse qui ne s'effacera plus.